Ca y est, je reviens de mon essai !
Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'on tient là l'une des voitures les plus plaisantes à conduire du moment !
Feedback Toyota GT86
Cette auto, je l'ai d'abord découverte le jour même où elle est arrivée dans la concession Toyota la plus proche, encore sous blisters et pas encore préparée à la route :
Evidemment, elle était dans sa teinte de lancement type Tangerine, un peu comme une Mc Laren MP4-12C...
J'ai donc pris rendez-vous pour un essai ce matin, par temps sec, bon concours de circonstances. Elle m'attendait sagement entre un Verso et une Avensis, et la première chose qui frappe, c'est le fait qu'elle est vraiment basse et plutôt compacte :
Pour moi, et c'est le designer qui parle, l'avant est un peu chargé avec beaucoup de découpes, ce qui lui donne pas mal d'agressivité. Les ailes marquées (que l'on voit depuis l'habitacle) donnent un côté sportif très agréable. Les roues sont un peu rentrées dans les ailes, et paraissent petites du fait de leur couleur sombre, un peu dommage. Pour moi, c'est la partie arrière qui est la plus réussie, avec ses ailes marquées genre Z4, et une très jolie ligne qui court le long des bas de caisse et qui remonte sur le passage de roue arrière. Remarquez également la découpe des vitres de custode qui évoquent la 2000 GT :
L'arrière est très musclé, avec un aileron dont je ne suis pas fan (je préfère la Scion) et surtout de belles sorties inox de 86 mm de diamètre prises dans le diffuseur (fonctionnel combiné au fond plat) :
Bon, c'est parti ! On ouvre la portière sans déverrouiller (système
keyless go), et il est toujours agréable de ne pas avoir d'encadrement de porte, gage d'exclusivité :
Installation à bord, l'intérieur est très réussi avec son ambiance sombre, le compte-tours en plein centre (un peu comme sur une RX-8 avec le tachymètre digital dans le compte-tours), et les belles surpiqûres rouges qui courent dans tout l'habitacle :
La position de conduite est excellente, bien meilleure que dans une S2000, avec une assise très basse, des baquets très enveloppant et très confortables, un volant assez haut et une excellente visibilité. Il suffit de voir la taille des rétros !
Pied sur l'embrayage, pression sur le bouton de démarrage (pas spécialement bien placé ni très accessible, une broutille), et le boxer s'éveille. On éteint la radio, on met la ventilation (surtout pas la clim !
), on débranche le VSC, et c'est parti !
Mise en route
Les premiers kilomètres se font en douceur, le temps de laisser chauffer la mécanique et de prendre la mesure de la voiture. On se concentre donc sur les sensations offertes par les commandes. La direction électrique est très réussie, très ferme, subjectivement meilleure que celle d'une Civic Type R, avec très peu de balourd, au point que je me suis demandé si elle n'était pas hydraulique. La boîte... et bien elle m'a rappelé celle de la S2000,
ce qui est normal puisque ce sont… les mêmes. Verrouillages francs, excellente sensation dans le pommeau, il faudra juste veiller à bien décomposer les mouvements à froid, mais l'engagement est rapide. Le pédalier en alu est très bien positionné et permet de faire le talon-pointe en toute décontraction. Point de patinage de l'embrayage assez haut et assez sec, bon point quand on augmente la cadence.
Sur la route
Au démarrage, il faut bien veiller à mettre du gaz, ici il n'y a pas de turbo, pas de diesel, pas de couple en bas.
Première chose qui frappe, la suspension est ferme mais "mate", ça sautille légèrement aux faibles allures mais c'est très souple, ça amortit juste ce qu'il faut et c'est très bien tenu : déjà là, on sait qu'on est dans une sportive, une vraie qui amortit, pas un tank germain.
Perso, j'adore.
Le moteur ne fait pas beaucoup de bruit, et aux allures légales, il suffit largement à aller à un bon rythme. Je ne le trouve pas creux ou atone en usage
daily, il reprend même avec aisance pour se glisser dans le flot de la circulation. Même sous 4500 tr/min, il a ce qu'il faut pour emmener la voiture à bonne allure, d'autant qu'il est très souple. Léger temps de latence au lever de gaz comme
Tonyjee l'a relevé plus haut, c'est assez sensible à froid et ça s'atténue heureusement à chaud.
A la première ligne droite dégagée, évidemment j'ai mis pied dedans, le boxer monte dans les tours, grogne sensiblement plus au-delà de 4500 tr/min, et la poussée devient sportive. On a beau dire, le boxer a la santé et pousse gentiment ! Il respire bien à haut régime, et il semble vouloir prendre plus de tours que ce que le limiteur ne permet ! Malgré le
shift-light, j’ai rupté assez souvent, sans doute aussi par habitude de mes 9000 tr/min...
Franchement, j’ai trouvé l’accélération très correcte, c’est certes moins brillant qu’une Civic Type R, mais ça envoie quand même. On dépasse les 200 km/h sans souci en 5, et ça continue de grimper en 6. Pour moi qui ne roule qu’en voitures essence en atmo (pour mes voitures personnelles), je n’ai pas été surpris ou déçu. Il y a moins de couple (et de musique) qu’un 2.0 Alfa, ça n’a pas la puissance ni le VTEC d’un K20, ça n’a pas l’allonge et la rage d’un F20, et ça doit se tenir dans un mouchoir avec un F4R de Clio 3 RS. C’est vrai que c’est linéaire, mais je crois surtout qu’on est très mal habitué quand la moindre compacte de location turbo-diesel sort 25 mkg à 1500 tr/min, ou qu’un TFSI permet de relancer en 6 à 60 km/h.
En atmo, il n’y a pas de magie, il faut tirer les intermédiaires pour que ça avance !
Ce qui m’a le plus frustré au final, c’est que cette montée en régime soit interrompue par le limiteur à 7500 tr/min, alors que moteur ne donne aucun signe d’essoufflement, on dirait qu’il pourrait développer plus de puissance si on pouvait faire sauter la bride. Un peu comme une certaine AE86 swappée…
A la limite
Puis est venu le temps d’accélérer le tempo. En augmentant le rythme, on a le plaisir de conduire… une vraie propulsion !
Pas de sous-virage à l’inscription, même si on aurait souhaité plus de
feedback à l'inscription (le Mac Pherson sans doute), une mise en appui franche et un arrière qui enroule, beaucoup de finesse dans la conduite, ça vire et ça tourne si facilement qu’on se demande si on ne conduit pas une voiture nettement plus légère.
Là encore on n’est pas dans une allemande, c’est hyper agréable de fluidité et de naturel.
Et quand on pousse fort…
Vous le savez bien, je suis aux antipodes d’un drifteur, j’adore le
grip, aller à la limite et ne pas la dépasser pour une efficacité maximale. Les roues en crabe, les pneus qui fument, le bras hors de la portière, les soutifs qui se dégrafent, tout ça, très peu pour moi…
Mais avec la GT86 (j’en ai encore le sourire rien que d’y repenser), je pourrais bien faire une entorse à ma ligne de conduite !
Premier rond-point en dévers, je mets la GT86 en appui, j’accélère modérément, léger sous-virage, je mets un peu plus d’angle au volant, un poil plus de gaz… et là l’instant magique ! Les 4 roues partent tout doucement en glisse de concert, l’arrière survire juste ce qu’il faut pour compenser l’amorce de sous-virage de l’avant, et la voiture qui tourne, qui tourne, qui tourne… Une glisse à la limite du
drift, qui se gère merveilleusement bien au volant et à l’accélérateur, dans un concert de pneus et une odeur de gomme, quelles sensations, quel contrôle, quel bonheur !
Nul doute qu’avec un peu plus de pratique, j’aurais tenté la même chose mais avec cette fois-ci avec un peu d’angle de dérive…
Oui oui, vous avez bien lu !
Conclusion
Vous l’aurez compris, je suis sorti ravi de cet essai. Plus que les critères de performance et les points, c’est l’esprit général qui m’a conquis. Cette "mini-GT" est une voiture « pour la vraie vie », celle qui se vit au quotidien, sur les routes du réseau secondaire, voire de l’autoroute s’il le faut, vu le confort très appréciable qu’elle distille. On aura plaisir à la conduire pour aller au boulot, en soirée ou en week-end. En ce sens, il ne s’agit pas vraiment d’une sportive radicale, une Integra Type R sera bien plus brute.
La GT86 ne brille pas spécialement dans un domaine : son moteur pourrait avoir plus de caractère, son châssis avoue ses limites, inférieures à pas mal de sportives du fait de sa monte pneumatique, le freinage est suffisant eu égard des performances mais pas en béton non plus…
Mais l’homogénéité globale de la GT86 est phénoménale. Elle est de la race des voitures tellement saines qu’elles vous apprennent à bien conduire, qui livrent le meilleur d’elles-mêmes au premier tour de roues, de celles qui vous donnent l’impression d’être un pilote à chaque virage, qui vous suggèrent de faire un détour « par la petite route avec les virages » juste pour le fun, et qui encouragent à prendre la route avec décontraction, jour après jour.
Elle est facile, saine, plaisante, amusante voire carrément enthousiasmante si on la pousse un peu.
Alors oui une Civic Type R accélère plus fort, une Integra Type R donne plus de sensations, et une S2000 passe plus vite. Mais la première n’a pas le
feeling de conduite dans les virages, la seconde est inconfortable, et la troisième a des limites si élevées qu’elles deviennent difficiles à cerner. Et la MX-5... elle est vendue au même prix.
Quant à la Megane 3 RS, c’est simplement une voiture exceptionnelle que nous a pondu Renault Sport, au même tarif qu’une GT86, et à l’efficacité supérieure… sauf que c’est une voiture qui fait peur : parce qu’on arrive trop vite dans les virages, parce qu’elle passe trop vite dans les virages, et parce qu’on ne sait pas si au final elle va tourner suffisamment dans les virages, ça n’est définitivement pas ma définition de la sportivité…
Alors qu’une auto agile qu’on conduit du bout des doigts, qui se place naturellement là où l’on veut, et qui accepte d’aller à la limite et de se faire plaisir sur route ouverte, pour moi ça n’a pas de prix !
Merci à la
concession Toyota TTAV de Saint-Saulve (Valenciennes) et son vendeur super sympa (et passionné !), qui m’ont permis de faire cet essai !