(20-05-2014, 12:20:45)Jocky a écrit : [quote='clem1313' pid='1838717' dateline='1400533853']
Chapeau bas M. Regulus pour la patience et le travail effectué (par l'ensemble des intervenants sur le véhicule d'ailleurs )
Merci de suivre notre travail.
Alors voilà la suite de la restauration, axé cette fois sur les carburateurs.
D'abord, voilà l'objet: C'est sous ce plat de spaghetti que se trouve le Carburateur:
le
Nihon Hikaki HJG28W:
Réflexion, Patience et Improvisation devant la bête. Nous allons la dompter….et je m’en vais vous narrer comment Eddy et moi avons procédé.
Symptômes :
Fumées bleues au sortir du tuyau d’échappement.
Pétarades à haut régime
Réactions lentes à bas régime
Passé 15 km, le moteur s’étouffe, impossible de le relancer au point de s’arrêter.
Examen de la patiente
On vérifie les compression de chaque cylindre : pas de problème, il se situent tous entre 11,5 et 12.
Après avoir enlevé complètement la boite à air, (et pris la précaution de bien boucher tous les tuyaux provenant du collecteur d’admission, pour ne pas avoir de prises d’air parasites, ce qui fausserait tout réglage)on remarque à l’accélération que le piston de l’aiguille à l’avant remonte moins que celui du carburateur arrière.
On fait le test du releveur de piston : au ralenti, lorsqu’on soulève de piston d’un centimètre (on appuie sur le petit poussoir situé juste en dessous la bride qui maintient da boite à air).
Cette manœuvre appliqué sur le carburateur arrière étouffe complètement le moteur, alors que sur le carburateur avant elle le ralenti puis le moteur repart.
A ce stade on peut déjà dire qu’en plus de la synchronisation des carburateurs, il y a un grave problème de richesse sur le carburateur avant.
La lecture des bougies le confirme: les trois premières (avant) sont brun clair, les trois dernières (arrière) sont nettement noire : mélange trop pauvre à l’avant, trop riche à l’arrière.
Diagnostic différentiel :
On regarde l’arrivée d’essence : le filtre à essence est plein de m….. Mais si c’était un problème d’arrivée d’essence, il affecterait les deux carburateurs. Il faudra prévoir un bon nettoyage du réservoir.
Pour mieux mettre en évidence les saletés qui arrivent dans le filtre, on change le filtre opaque en plastique pour un filtre décanteur transparent. Utilisé dans les bateaux, en même temps qu’il filtre le carburant il décante l’eau de condensation qui se forme dans le réservoir. Avec ce décanteur, on visualise tout de suite ce qui arrive dans le circuit d’alimentation.
Examens complémentaires :
On va se servir des instruments d’aide au diagnostic : le dépressiomètre, le Color-tune, le contrôleur de niveau de cuve..
Le dépressiomètre. Il remplace avantageusement le stéthoscope (Alors qu’avec le stéthoscope on comparait le sifflement de l’air qui entre dans les carburateurs, avec le dépressiomètre on a une mesure précise dépression). C’est cette dépression qui, dosée par l’action de la pédale d’accélérateur sur le papillon à l’entrée du collecteur, soulève le piston de l’aiguille, aiguille (conique) qui en s’élevant ouvre de plus en plus la lumière du gicleur, réglant ainsi la quantité d’essence admise dans le carburateur. L’essence est aspiré par l’air qui s’engouffre sous le piston par effet Venturi.
Dans notre cas, l’appel d’air dans le carburateur avant est nettement moindre que dans celui de l’arrière.
Le Color-tune. Cet appareil génial vous renseigne immédiatement sur la richesse du mélange fourni par chaque carburateur. Le Color-tune n’a jamais si bien mérité son nom de bougie, puisque c’est en réglant la couleur de la flamme que vous réglez votre mélange, tout comme on le ferait avec un bec Bunsen : flamme rouge, ou jaune, mélange trop riche (trop d’essence ou pas assez d’air) flamme bleue, mélange correct, s’appauvrissant au fur et à mesure qu’elle blanchit.
Dans notre cas, la flamme à l’arrière (prise sur une des trois bougie arrière) est jaune rougeoyante, mais à l’avant (une des trois bougies avant) blanche avec parfois même extinction complète, où on ne voit guère qu’une étincelle….
Le contrôleur de niveau de cuve. Un simple tuyau en plastic transparent emmanché dans la durite de sortie de la cuve fera l’affaire. Dans l’idéal, il faudrait un tuyau branché sur le bouchon de vidange de la cuve par l’intermédiaire d’un raccord banjo….
Dans notre cas, on détecte une différence de niveau de 1à 2mm entre les deux carburateurs.
Conclusion :
1) Il faut
équilibrer les deux carburateurs, c'est-à-dire régler l’ouverture des papillons de sorte qu’ils s’ouvrent et se ferme de manière synchrone.
2) Il faut régler le
niveau de carburant dans les cuves, de sorte que l’essence affleure correctement au niveau de la buse d’arrivée dans le carburateur (pour que l’effet Venturi se fasse efficacement) et de façon synchrone entre les deux carburateur.
3) Il faut régler la
hauteur du puit de l’aiguille qui règle ainsi le débit d’essence admis au niveau du venturi, depuis le ralenti jusqu’aux hauts régimes.
4) Il faut aussi
vérifier l’aiguille, la propreté de la chambre de dépression du piston de l’aiguille, le ressort etc…
5) Et dernière opération, et non des moins pénible, redémonter le
réservoir, et trouver un moyen de le nettoyer afin de supprimer toute cette m.. qui en tapisse le fond, et aussi plus hasardeux, trouver un moyen de faire un ramonage en bonne et due forme du tuyau d’alimentation en métal et du tuyau de retour au réservoir.
Muni de ces conclusions, j’abandonne la malade à Eddy, le chirurgien qui semble ravi de me voir partir en week-end afin de pouvoir opérer tranquillement.
Compte rendu opératoire :
Synchronisation des deux carburateurs. Le réglage s’est fait assez facilement : chose bizarre il n’y a pas eu besoin de désolidariser les deux commande, mais en réglant les vis correctement Eddy est parvenu à obtenir la même dépression à l’entrée de chaque carburateurs. A mon avis, le dernier mécanicien qui a touché à ce carburateur ne devait pas savoir régler un carburateur SU, et il a forcé sur la tringlerie pour ouvrir un peu plus le papillon et a ensuite triché sur la vis de richesse pour avoir un ralenti qui ne cale pas. Point barre, circulez y a rien à voir.
Réglage du niveau des cuves. Après l’avoir vérifié avec le tuyau en plastic transparent branché sur le tuyau de sortie de la cuve vers le carburateur, il ne reste plus qu’à plier le levier qui s’appuie sur le pointeau de façon à avoir le même niveau sur les deux carburateurs. Pour nous ce sera simple : puisque la combustion est correcte au niveau du carburateur arrière (vérifiée avec le ColorTune), il suffira de redresser légèrement le levier de celui de l'avant pour le mettre à la même hauteur que celui du carburateur arrière pour avoir le réglage correct.
Nous avions déjà changé les deux pointeaux lors de la première mise en route (l’un des deux était défaillant). C’est peut-être là le nœud de l’histoire, n’ayant pas de pointeau de rechange, le mécano de l’époque avait peut-être redressé le levier du flotteur pour que celui-ci ferme un peu mieux l’arrivée d’essence ? Et ainsi il a faussé le réglage des niveaux de cuve et corrigé ça en trichant sur l’ouverture des papillons ?
Nettoyage de l’aiguille. On ne le répétera jamais assez, il ne faut
PAS retirer l’aiguille de son logement dans le piston. Mais c’est trop tentant. L’aiguille est un peu grippé dans son logement, on tire tout doucement…et la voilà
TORDUE…..
Heureusement, j’avais trouvé en Angleterre ces fameux carburateurs en tout point semblables à celui de l’arrière:
http://www.johnrichardssurplus.co.uk/pro...h-hjg38-11
Reste à vérifier que les aiguille soient les mêmes.
Si elles rentrent bien dans leur logement et sont de même longueur, elles portent un numéro différents sur le mandrin : M105 au lieu de M90.
Comme on peut le vérifier là, c’est bien l’aiguille
M90 qu’il nous faut :
http://www5.plala.or.jp/power_planning/s...-gc10.html
(et notez au passage que la Skyline 2000GT-X a exactement la même motorisation que la Fairlady Z :
http://www5.plala.or.jp/power_planning/s...z-s30.html )
Donc s’il y a quelques petites différences, elles doivent se situer dans la conicité de l’aiguille.
Il va donc falloir vérifier.
Muni d’un pied à coulisse, je fais des mesures tous les 3 mm, ce qui me donne les mesures suivantes :
. N°
M90 M105
DIMENSIONS:
Longueur HT:
50,2 mm 50,2mm
MANDRIN
Diamètre
3,24mm 3,24mm
Longueur
11,2 mm 11,2mm
AIGUILLE
Longueur
39,0mm 39,0mm
Diamètres mesurés depuis la base jusqu'à la pointe tous les 3mm (soit 13 mesures):
1 (base)
2,36 mm 2,32mm
2
2,26 mm 2,28mm
3
2,20 mm 2,20mm
4
2,18 mm 2,16mm
5
2,10 mm 2,10mm
6
2,00 mm 2,10mm
7
1,94 mm 2,00mm
8
1,88 mm 1,92mm
9
1,82 mm 1,88mm
10
1,78 mm 1,82mm
11
1,76 mm 1,76mm
12
1,70 mm 1,68mm
13(pointe)
1,68 mm 1,58mm
Ce qui donne le graphe suivant :
Le départ de la courbe des deux aiguilles (sur l’axe des ordonnées, de 0 à 12 mm) est exactement le même, ce qui doit correspondre au ralenti, 700 à 2000 tours.
Dés qu’on dépasse les 12 mm soit de 2000 à 4000 tours on voit nettement que la courbe de M105 ralenti sa descente, ce qui correspond à un palier dans la conicité, donc une lumière dans le puit de l’aiguille moins ouverte donc un appauvrissement du mélange. Ce qui signifierai donc qu’on risque d’avoir une moindre consommation ou alors…des ratés au régime de croisière…. ?
Mais dés qu’on dépasse les 20 mm, la courbe de M105 (rouge) rattrape presque celle de M90 : dans les très haut régime, ce qui correspond aux reprises, lorsqu’on pousse un peu les vitesses, ce qui devrait donner du nerf au moteur…. ?
Grosso modo, les valeurs sont les mêmes, il faut essayer, car de toutes façons, on a pas de solution de rechange, j’ai vainement cherché des aiguilles M90, partout sur le net. Peut-être au Japon pour réparer les Fairlady Z ?
Alors on essaye, on installe les aiguilles M105, avec les puits qui vont avec..Et ça marche, mais c’est vraiment mou comme reprise.
C’est là qu’on s’aperçoit que le ressort du piston de l’aiguille est différent, un peu plus raide.
On change les ressorts d’origine pour ces nouveaux ressorts, et…
…et là, c’est formidable, le moteur répond au moindre coup de pédale, comme jamais auparavant !.
L’explication est simple : si on appauvrit le mélange au régime de croisière, et qu’on appuie sur la pédale brusquement, le piston remonte trop vite, on fait entrer brusquement une grande quantité d’air, ce qui appauvrit le mélange. Si on applique un ressort plus raide, la montée du piston est moins brusque, le mélange s’enrichit régulièrement et le moteur monte en régime sans à-coup !
Nettoyage du réservoir.
De la vieille essence a séjournée pendant dix ans dans le réservoir. Le résultat, c’est une croûte brunâtre, qui se détache tout le temps de la paroi et se retrouve dans le circuit d’alimentation, bloqué heureusement par le filtre.
La solution radicale : vous mettez une bonne poignée de petites vis phosphatées dans le réservoir (celles qu’on utilise pour fixer les panneaux de placoplâtre sur leurs rails métalliques), vous ajouter 10 litres d’essence, vous fixer le tout à plat avec des sangles sur la gueule d’une bétonnière et vous faites tourner d’un sens, puis dans l’autre sur les quatre faces du réservoir.
Résultat garanti : ça vous prend trois ou quatre heure, et l’intérieur est devenu nickel.
Avec un furet en matière plastique (ce fil que l’électricien utilise pour passer ses fils dans les gaines) on a fait un bon ramonage des conduites d’essence.
On remonte le tout, et on fait 50 km d’affilée, en poussant les régimes, jusqu’à 140 km/h sur nos petites routes désertes de campagne! (contrôlé au GPS : le compteur est rigoureusement exact). Pas d’à-coup, pas de raté, pas de pétarade, le moteur répond très bien à toutes les sollicitations, chauffe un peu à haut régime, mais lors de l’essai, la température extérieure dépassait les 30°, et on l'a poussé à 160, en côte...? !
Mais avant un test sur circuit, (nettement moins coûteux qu’un essai sur route chronométré par la maréchaussée) pour voir ce qui se passe autour des 180 km/h comme l’annonce la fiche technique de la FIA, Eddy met la dernière main sur les freins :
Les essais sont concluants, on en voit un aperçu à la fin de cette vidéo :
http://www.youtube.com/watch?v=UYn6vaVI6...pDMcopdIjw
Mais il y a un petit problème : je trouve que le moteur chauffe un peu trop à haut régime. Serais-ce dû à un mélange trop pauvre, les bougies joueraient dans ce cas là le rôle d’un fer à souder ?
Les avis sont les bienvenus…