Oui bonjour!
Post complet partie 1/3
Jour8: Pierre Grosse - Montgenèvre, puis Montgenèvre - Le Monêtier-les-Bains avec un aller-retour au col du Graon.
Rando: Le Mont Chaberton
https://www.google.fr/maps/dir/44.723646...?entry=ttu
Encore une fois, pour cette journée, j'espérais vraiment à tout prix qu'il fasse beau. C'était pour la rando du jour: le Mont Chaberton! C'est une rando qui me tenait vraiment à cœur, je voulais déjà la faire lors de ma traversée des Alpes l'année dernière mais je n'avais pas eu le courage de la faire. Pour la météo, il était prévu un grand beau temps le matin et un après-midi plus couvert ( comme souvent dans les Alpes j'ai l'impression). J'ai donc décidé de partir très tôt pour dire d'être au sommet avant que le temps ne se couvre. Malheureusement, pour me rendre à Montgenèvre, je devais passer le col de l'Izoard. Je trouvais ça dommage de passer par l'un des plus célèbres cols des Alpes de nuit. J'ai donc calculé précisément mon heure de départ pour être vraiment aux toutes premières lueurs au col, histoire d'en profiter un minimum et d'optimiser au mieux ma journée.
Je suis donc parti vers 4h45 de Pierre Grosse pour arriver à 5h30 au col de l'Izoard. Le temps était un peu voilé, ce qui m'a un peu inquiété. Pour essayer de gagner un peu de temps, j'ai profité d'être seul sur la route pour accélérer un peu. J'ai rapidement atteint Briançon. Après être passé sous les remparts de l'ancienne cité fortifiée de Vauban, j'ai pris la direction de Montgenèvre. Je suis finalement arrivé au point de départ de ma rando vers 6h30.
Le col de l'Izoard ( 2362m).
La stèle du col de l'Izoard rendant hommage au général Berge et aux troupes alpines qui ont construit la route du col de l'Izoard.
Vue sur la vallée du Queyras.
Vue sur la vallée du briançonnais. Le grand sommet au milieu de la photo est le Mont Chaberton ( 3131m).
Vue sur la vallée de la Durance depuis la route du col de Montgenèvre.
J'ai rapidement attaqué ma rando. La première partie de la rando se fait sur une longue piste dans un bois de mélèzes et de sapins. Cela montait très calmement, ce qui est plutôt agréable mais j'avais quand même 1200m de dénivelé à grimper, cela promettait donc une côte bien violente. Et comme prévu, après être sorti des bois et avoir traversé le torrent du Rio Secco, je me suis retrouvé face à un mur à gravir, coincé dans un étroit vallon. Après une heure de marche pendant laquelle j'ai gravi 550m, j'ai atteint le col du Chaberton. Des casemates, des ruines de casernement et des restes de fils barbelés sont visibles à ce col.
Après m'être pausé un peu, j'ai continué mon ascension. La montée se fait sur une piste anciennement carrossable. Le dénivelé était moins important et j'ai donc accéléré le pas. Aux alentours des 3000m, j'ai dû traverser, aussi curieux que ça puisse paraître, un réseau de fils barbelés. Après 2h45 de marche, j'ai finalement atteint le sommet. La vue est une fois de plus incroyable... Et pourtant, il y a une chose encore plus incroyable à voir sur ce sommet, quelque chose que je rêvais de voir à la seconde même où j'ai découvert son existence: le fort du Chaberton!
Le versant Ouest du Chaberton.
La petite vallée de Rio Secco et le col du Chaberton ( 2674m).
Vue sur la France depuis le col du Chaberton.
Les casemates du col du Chaberton ( 2700m).
Les anciens casernements des casemates du col.
Un réseau de fils barbelés improbable à 3000m d'altitude!
Les tours du fort du Chaberton commence à apparaître.
Les baraquements du fort du Chaberton ( 3040m).
Vue Nord-Ouest sur le massif du Thabor et les Ecrins depuis le Mont Chaberton ( 3131m).
Vue Nord.
Vue Est sur les vallées italiennes.
Vue Sud.
Vue Sud-Est. Le sommet à gauche est le Mont Visu ( 3841m). Le village au centre est la station de Montgenèvre ( 1850m).
Vue Ouest sur Briançon ( 1250m).
Vue sur le massif des Ecrins.
Le fort du Chaberton et ses 12 tours ( 3125m).
Le fort du Chaberton:
Le col de Montgenèvre forme une vallée très facile à emprunter et donc une des voix principales en cas d'invasion. En France, la ville de Briançon est fortifiée dans le but de défendre cette vallée depuis le Moyen-Âge. Alors que les tensions augmentent de plus en plus entre la France et l'Italie dans les années 1880, l'Italie décide d'adhérer à la Triplice, la triple alliance conclue avec l'Allemagne et l'Autriche. Dans le but de défendre cette vallée, les italiens construisent d'abord plusieurs fortifications dans la vallée, sur le versant italien du Mont Chaberton et également à son col. En 1898, ils se lancent dans la construction du fort du Chaberton. Son but est de pouvoir à la fois défendre la vallée, mais également de soutenir une éventuelle invasion de la France.
Ce fort sera constitué de 8 tours de 12m de haut, correspondant à la plus haute chute de neige enregistrée, de sorte à ce que les canons ne soient jamais enneigés. Chaque tours seront équipées d'un canon 149/36 en tourelle, avec une portée théorique de 18km, rendant la ville de Briançon à portée de feu. Mais du fait de la pause d'un blindage léger autour des canons, leur portée sera baissée à 16km. Ce blindage était plus prévu pour protéger de la neige que contre un bombardement, aucun canons n'étant capable à cette époque d'atteindre le fort.
Une route carrossable est d'abord construite sur une ancienne piste, pour relier le village de Fenils au sommet du Chaberton, en passant par son col. Puis, le sommet est creusé et terrassé de 6m, afin d'y construire les tours et le fort. Pour faciliter la construction, un téléphérique est construit, reliant la vallée au sommet. Il parcourait une distance de 3400m sur un dénivelé de 1800m. Plus de 300 ouvriers ont travaillé sur le chantier dans des conditions très rudes. Il y a eu beaucoup de désertions, permettant à des espions français de rejoindre le chantier en tant qu'ouvrier. En 1914, la majeure partie des bâtiments était terminée. Un immense escalier descendant dans des salles souterraines à 35m de profondeur dans le sommet a ensuite été creusé, afin de permettre le stockage des munitions.
Durant la 1ère Guerre Mondiale, l'Italie ayant rejoint finalement les alliés, le fort est désarmé et ses pièces sont envoyés sur le front austro-hongrois. Mais à l'aube de la 2nde Guerre Mondiale, le fort est réarmé et disposait d'une garnison de 340 hommes. Les canons ouvrent le feu pour la première fois le 17 Juin 1940, en visant le fort de l'Olive qui bombardait lui-même un autre fort italien. Le 18 Juin, ils bombardent le fort du Gondran afin de soutenir l'assaut sur les postes avancés du Chenaillet. Et enfin, le 20 Juin ils reçoivent l'ordre de bombarder massivement les postions françaises. Le commandement de l'armée française était bien évidement conscient de la dangerosité de ce fort. Ils ont donc prévu 4 mortiers de 280mm, qu'ils ont réparti sur le versant Ouest du fort de l'Infernet, ne pouvant donc pas être repérés par les artilleurs du Chaberton. Le Chaberton culminant à 3131m, les configurations de tirs étaient inédites. Les tables de tirs ont été calculées dans l'urgence mais nécessitaient d'être vérifiées sur le terrain. Le 21 Juin à 10h, une première éclaircie permet le tir de 3 obus avant que les nuages ne recouvrent de nouveau le fort. Les obus s'abattent juste en dessous du fort. À 15h30, le temps est de nouveau dégagé et les mortiers réouvrent le feu. Le tir devient rapidement plus précis, grâce aux observations du commandant de la batterie, posté sur les pentes de l'Infernet, et des autres forts de la vallée. À 17h30, la tourelle n°3 est touchée et sa soute a munition explose. Les canons italiens ripostent sans comprendre d'où viennent les tirs et bombardent plusieurs forts. À la fin de la journée, 6 tourelles étaient hors de combat, ne laissant que la 7 et la 8 en état de combattre. Le téléphérique, ainsi que l'alimentation électrique du fort sont détruits. Les italiens ont à déplorer 10 tués et une cinquantaine de blessés. Par la suite, les artilleurs français ne parviendront pas à faire taire les 2 derniers canons jusqu'au 24 Juin. Mais amputé d'une grande partie de sa puissance de feu, le fort n'a eu que très peu d'impact sur le champ de bataille.
Durant la guerre, il sera occupé brièvement occupé par les allemands. À la fin de la guerre, le Général de Gaulle fera tout pour que le fort du Chaberton soit annexé par la France, ce qu'il parviendra à faire contre l'avis de certains de ses ministres.
La tour n°6.
La recette du téléphérique.
Une stèle rendant plusieurs hommages, notamment aux soldats italiens morts lors des combats du 21 Juin 1940.
Là en l'occurrence, l'image de gauche rend hommage au Major luigi Pollari Maglietta, le constructeur du fort. À droite, le Lieutenant André Miguet, commandant des 4 mortiers de 280mm du 6ème Batterie du 154ème Régiment d'Artillerie de Position, le destructeur du fort. Au centre, l'insigne du 6ème Batterie.
C'est dommage, la stèle est en ruine. Au passage, génial le tag..
Le petit bâtiment où était assemblé les obus. Il est relié par un tunnel à l'escalier qui mène au stock principal de munition.
Je suis resté plus d'une heure au sommet, à admirer un coup le panorama, un coup le fort. J'ai également pu jeter un œil sur le Mont Thabor, qui était mon prochain objectif, et j'ai pu me rendre compte qu'il restait encore beaucoup de neige... Je ne pouvais malheureusement pas rester ici indéfiniment! De plus, la foule commençait à arriver... J'ai donc pris la direction de la voiture en passant par le même chemin. En arrivant au col, j'ai découvert d'autres casemates, directement creusées dans la falaise au Nord du col. Je ne les avais pas du tout remarquées en montant! Après une rapide descente, j'ai fait une pause à l'ombre d'un mélèze. J'ai ensuite repris la marche et j'ai finalement atteint la voiture vers 13h.
Vue sur l'Italie depuis le col du Chaberton. On peut voir l'ancienne piste militaire qui est aujourd'hui interdite d'accès pour raison de sécurité.
À la base, je devais passer la nuit dans un camping dans un petit village non loin de Montgenèvre. Cependant, j'avais besoin de redescendre à Briançon pour ravitailler. J'avais paré à cette éventualité lors de ma préparation, je m'en suis donc tenu au plan de secours. Donc après avoir ravitaillé, j'ai pris la direction de Le Monêtier-les-Bains, un village en dessous du col du Lautaret. L'après-midi était déjà bien entamé, je risquais de ne pas avoir de place dans le camping. Bien conscient de ce risque, je me suis quand même permis d'aller faire un petit tour au col du Granon. La route pour y monter est assez étroite et à cette heure-ci, il y a beaucoup de gens qui descendent sans imaginer qu'il peut encore y en avoir d'autres qui montent. Après avoir été obligé de piler 2-3 fois, je suis arrivé au col. Il offre une très belle vue sur le massif des Ecrins à l'Ouest et sur les sommets de la vallée de la Clarée à l'Est.
Je suis ensuite redescendu et je me suis enfin arrêté dans un camping pour la nuit. J'ai pu avoir une place mais de justesse! Il n'y avait plus qu'une place de libre, une place sans arbres ni ombre... J'ai été obligé d'accrocher mon linge à l'aileron de la voiture pour le faire sécher.
Vue sur la vallée de Guisane depuis la route du col de Granon.
Vue depuis le col de Granon ( 2404m).
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